Au revoir, bête noire

J'ai fait mon devoir
Pris soin de l'oiseau
En moi prisonnier, tout noir.

Il avait oublié
À force de rester là
Qu'il savait voler.
Quelle frayeur pour un être
D'os et de plumes
De s'élancer dans l'air !
Quitter les branches sûres
L'arbre où la panthère amie
Veillait, surveillait, tapie.
Allait-elle le croquer ?
Vexée de se voir délaissée ?
Furieuse ! Provoquée !
Triste de voir l'amitié finie ?

Mais la panthère et le merle
Malgré bien des ressemblances
Et tous ces échanges,
De la jungle ou de l'aube
Ne peuvent vivre ensemble indéfiniment.
Un jour l'un ou l'autre
Une bête noire aurait mangé l'autre.
Même si l'appétit diminuait,
De jour en jour plus tranquille,
Les ailes aussi de l'oiseau
S'amenuisaient.

Il était temps de partir.
Il a eu peur de l'asphalte...
Et tremble encore
Sur son nouvel arbre.
Mais il sait maintenant
Que ses ailes se déploient,
Qu'il peut s'y rallonger,
Partir avec le vent,
Gober son souper.

Voilà pourquoi le soir,
Le merle chante à pleins poumons.

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